
Le rédacteur de la philosophie occulte fût un messager de la renaissance, arrivant au bon moment à la fin du XVième siècle pour éclairer le XVIième siècle naissant.
Né à Cologne en 1486, il fût un grand voyageur. De nature irascible il n'avait pas le temps, ou son temps était compté. Ce fût un Rimbaud de l'ésotérisme, une courroie nécessaire au réveil de la Tradition. De ce fait, il se heurta aux plus grands, à l'église comme aux rois.
En 1506, il est professeur d'hébreu à Dole, puis il part à Londres. On le retrouve un peu plus tard à Cologne, étudiant la théologie. Il se dirige alors vers l'Italie où, à Pise, il enseigne cette discipline. Mais c'est à Pavie qu'il se fait remarquer en donnant des cours sur Hermès Trismégiste.
En 1524, il est nommé Docteur à Lyon, après être passé par Genève, Turin et Fribourg.
Sa réputation le fait rentrer chez les grands. Il devient médecin de Louis de Savoie, mais il refuse d'être son astrologue, ce qu'il accorde en revanche au Connétable de Bourbon. Il choisit donc ses rois comme un homme libre, ce qui lui vaut l'hostilité de certains. C'est ainsi qu'il est chassé de France par la princesse Marguerite.
Quelques temps plus tard, il devient l'historiographe de Charles V. Mais ses ennemis se font de plus en plus nombreux, surtout quand il écrit « de la vanité des sciences » .
Il est en prison à Bruxelles. Il sort pour revenir dans son pays natal, vers Lyon et Grenoble où il est une nouvelle fois emprisonné. Il meurt, quelques années plus tard à Grenoble, en 1535, juste après sa sortie ... Mais qu'a donc fait ce fondeur de Dieu ?
Le grand magicien
Cornelius Agrippa a marqué son époque par quatre grands traits de caractère :

- Influencé par Marsile Ficin qui a donné le corpus d'Hermés Trimégiste, il est aussi le fils spirituel de Pic de la Mirandole et de Johannes Reuchlin ; tout comme l'admirateur d'Erasme, donc dans le fil d'une certaine tradition. Ce magicien apparait alors comme un Erasmien de la religion réformée,associant un humanisme de la prés-Réforme à une tentative de fournir une philosophie puissante pour accompagner la réforme évangélique.
- Agrippa n'admet que la révélation. On le dit frère de la Rose-Croix ... Il le fut sûrement par son oeuvre, lui qui proclamait : « l'âme humaine renferme la capacité de transformer les choses et les êtres, d'agir à distance. Tout lui obéit dés lors qu'elle possède l'énergie nécessaire. »
- Il remet au goût du jour les idées de Platon. Il est féru de kabbale et de plus il défend les hérésies. Sa liberté impressionne.
- Son caractère irascible, qui le conduisit deux fois en prison, et ses attitudes hors du commun dans ses rapports avec les hommes comme avec les animaux, montrent un côté panthéiste qui ne devait pas plaire. Ce membre de la confrérie des mages a tout naturellement été taxé d'hérésie, notamment quand il donna congé à son chien noir qui l'avait suivi toute sa vie, lui ôtant un collier plein d'images et de figures magiques ...